Schlump de Hans Herbet Grimm, l’ode à l’humanisme et la liberté !

schlump

Parce qu’il faut bien inaugurer ce blog, commençons par une lecture peu commune pour ma part mais ô combien agréable : Schlump de Hans Herbert Grimm.

Ce livre est, dans la version lue, édité par France Loisirs et paru en octobre ou novembre 2015. Une parution tardive par chez nous pour une oeuvre méconnue et oubliée, compréhensible puisque le régime nazi a intégré cet ouvrage dans leurs « célèbres » autodafés dès 1933. Initialement, le roman a été paru en 1928.

Voilà ce qu’en raconte l’éditeur sur la quatrième de couverture : « Schlump n’a pas dix-sept ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Malgré son jeune âge, il se porte volontaire. Envoyé en France dans une petite commune occupée par les Allemands, il est chargé d’administrer la vie de plusieurs villages. Mais la guerre n’a pas seulement besoin de bureaucrates. Schlump doit rejoindre le front. Crasse, maladie, désespoir, déluge de feu… Le jeune soldat découvre l’enfer des tranchées, l’hôpital, puis les séjours plus paisibles dans les campagnes françaises. Il y croise des filles en mal d’amour, des planqués, des profiteurs, mais aussi des compagnons de misère qui tentent de survivre alors que l’armistice tarde à venir. ».

Vu comme ça, cela ressemble à un livre sur la première guerre mondiale somme tout basique mais il n’en est rien…

I – Un découpage du roman pour chaque situation.

​C’est l’une voir la plus grande force de ce roman. Son découpage est millimétré, en trois livres distincts racontant chacun un ou plusieurs pans d’une guerre subit par notre « Héros ». Si, pour certains, cela peut conduire à couper l’action, pour ma part j’ai trouvé cela ingénieux puisque nous permettant de nous attendre à un changement brutal dans la vie de Schlump.

Le premier livre va développer la déclaration de guerre, l’incorporation mais surtout les premiers mois de guerre de notre adolescent. Ce qui est percutant ici c’est l’insouciance de Schlump qui ne mesure pas la gravité de la situation. Cela va être d’autant plus flagrant lors de sa première affection en tant que « gestionnaire » de trois villages occupés où les balles et les tranchées sont encore lointaines pour lui.

Le deuxième livre s’attache à évoquer le cas de notre personnage principal dans le vif du sujet, à savoir la vie dans les tranchées, les combats mais aussi l’horreur de cet ensemble… Cela va même plus loin puisqu’une partie évoque le cas des hôpitaux de campagne et de la folie découlant des combats.

Enfin le troisième livre s’en prend à la vie à l’arrière du front, notamment dans l’Allemagne souffrante bien que la guerre ne se déroulant pas sur son sol, de la vie dans des postes de « planqués » à l’arrière du front, sans risque de se prendre une balle et enfin de la signature de l’armistice et de la démobilisation.

Tout cela est résumé au plus simple évidemment. Il faudrait des pages pour parler de chaque livre mais c’est un plaisir qu’il faut savoir garder aux lecteurs ! Si je dois cependant vous pousser à ouvrir ce livre, ce n’est pas seulement pour l’évocation complète de la première guerre mondiale…

II – Une description glaçante de l’horreur.

Un autre point fort de ce bouquin. L’auteur a eu la capacité de retransmettre une vision de la guerre à nous laisser de marbre. Lisez le livre sur les tranchés et vous sentirez les gerbes de boues vous recouvrir suite à l’explosion d’un obus non loin de votre trou. Avancez un peu plus et vous pourrez sentir l’odeur du sang, ressentir les morceaux de cervelles dégoulinant sur votre tête, le froid vous envahir la nuit, la peur vous glacer le sang. Le style est direct, sans forfaiture. Si vous n’avez pas l’habitude d’une telle prose, la lecture peut vous sembler gênante, hachée. Cependant restez pour la sensation que donne ce bouquin ! Chaque courte phrase ne vous laisse pas le temps de respirer, vous n’avez qu’une envie : avancez pour savoir si notre petit Schlump va s’en sortir sans trop de mal.

Bien que ma lecture date d’une semaine maintenant, j’ai toujours en tête ce passage dans l’hôpital. Un passage glaçant décrivant le choc post-traumatique qu’on put vivre les soldats à la sortie des combats. Hans Herbert Grimm écrit d’une façon qu’on se croit réellement fou, vivant exactement les tribulations de l’esprit. C’est perturbant, c’est prenant mais c’est surtout la réalité. Rien que pour cette mise en abîme dans l’horreur de la première guerre mondiale, cela vaut la lecture !

III – Une « ode » à la paix et à l’humanité.

La quatrième de couverture ne mentait pas. En terminant la 307ème page de Schlump, j’ai compris pourquoi le régime nazi avait interdit la publication de cette oeuvre et brûlé les ouvrages déjà parues.

Dès le premier livre de cet ouvrage – selon son découpage – c’est une forme d’humanité qui ressort à travers les mots de Schlump. C’est une insouciance enfantine que nous avons tous connus. Schlump ne va pas à la guerre par patriotisme où l’envie de « tuer du français » mais parce qu’il veut plaire aux filles, s’imaginant que l’uniforme lui donnera du succès… Rien que par ce début, c’est une première forme de rejet de la guerre exacerbée par les dirigeants de l’époque.

Schlump ne se comporte pas d’une façon tout à fait courtoise avec les habitants français sous sa « direction » parce que ce sont ses ordres mais tout simplement parce qu’il n’a rien contre eux.

Au fil des pages, c’est carrément le rejet de cette guerre qui est exprimé. Un ras-le-bol de cette horreur, pas seulement de la part de Schlump. J’ai particulièrement adoré l’histoire de Mickaël qui exprime une exaspération émanant du front mais également de l’arrière. Bref. Ce ras-le-bol va crescendo tout au long du livre, la volonté pacifisme également jusqu’à aller à une forme de « soulagement » lors de l’armistice…

Ce livre résonne encore plus fortement avec les événements d’aujourd’hui. La guerre n’est pas un jeu. Qu’importe les raisons qui peuvent pousser nos dirigeants à la faire, ce sera toujours le petit peuple occupé à se battre et à s’entre-tuer qui en souffrira le plus. C’est ce qui ressort de Schlump, c’est ce qui donne une sorte de fierté à la lire, à se dire que les humains ne sont pas tous noirs, qu’il y a un peu de bonté en chacun de nous.

– Conclusion

Au final Schlump est un sacré bon coup de pied au cul. Le lire c’est un devoir de mémoire pour se plonger et redécouvrir un peu plus les horreurs d’une guerre dont on disait qu’elle serait « la der des der ». Un sacré bon coup de pied qui nous plonge, qui nous fait croire de partager le quotidien de ces ancêtres lointains. Ce qui va encore plus loin et qui donne un intérêt notoire à cet oeuvre c’est que derrière le souvenir de ces atrocités, il y a un appel au pacifisme et à l’humanité. Un appel venant du fond du cœur, un rejet de la guerre, un appel à l’amour des peuples.

Pour finir, voici une citation extraite du livre :

« La jeunesse est légère, elle vit au paradis et ne remarque pas le bonheur lorsqu’il croise son chemin » – page 11.

A.

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