Les aventuriers de la mer intégrale 1 de Robin Hobb, une navigation houleuse…

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Je me souviens avoir déjà tenté de lire du « Robin Hobb », c’était le premier tome de sa célébrissime saga « L’assassin royal ». Je me souviens l’avoir terminé et avoir dit plus jamais… Je ne sais pourquoi j’ai été conquis par la couverture de cet intégrale 1. Peut-être parce que l’ambiance de la piraterie, des marins ? Il est vrai que c’est un univers qui me fascine, vers lequel j’accroche plus et qui est très peu abordé en littérature de l’imaginaire mais au final… Je ne sais toujours pas quoi penser de Robin Hobb.

La famille Vestrit connaît un revers de fortune. Il ne lui reste plus qu’un bateau en bois-sorcier, la Vivacia, que le capitaine Vestrit lègue à l’époux de sa fille aînée peu de temps avant de mourir. La fille cadette, se sentant délaissée, décide de le récupérer à n’importe quel prix.

Autant entrer tout de suite dans le vif du sujet. Heureusement qu’il s’agit là d’un intégrale et que j’ai horreur de commencer un livre et de ne jamais le finir. Heureusement en effet parce qu’au bout de 200 pages, si cela avait constitué le 1er tome de la série, je n’aurai pas été plus loin. Voyez le synopsis que tout site de vente propose ? Et bien c’est un résumé très court des 200 premières pages de l’intégrale. Alors oui, je vous concède ma mauvaise foi sur le sujet, c’est bien développé, les personnages se mettent en place au milieu de l’intrigue qui avance doucement (mais alors très très trèèèèèèèès doucement…) mais sûrement. Mais voilà, il ne se passe strictement rien. Presque rien. Et tourner les pages pour y voir une mise en place, c’est agaçant et très très gavant.

Pourtant je n’ai pas abandonné, outre mon horreur de l’abandon d’un livre entamé (le seul qui a eu le droit à ce parjure reste « La Princesse de Clèves »), Robin Hobb a inventé un univers plus que cohérent avec une certaine application dans les descriptions. Je crois bien que c’est cet aspect qui m’a fait tenir tout au long de ces très longues premières pages. Il faut dire que l’univers de la mer, de la piraterie est quelque chose que j’ai toujours aimé, du moins qui exerce une certaine fascination sur mon imaginaire et je dois dire qu’avec ce premier intégrale, je suis plus que servi. Pour dire la vérité, j’avais vraiment l’impression de me retrouver sur le pont de la Vivacia, ou de tous les autres navires déployant leurs voiles au fil des mots de Robin Hobb. L’ambiance et les descriptions sont prenantes et nous conduisent petit à petit dans cet univers ficelé à merveille où luttes familiales et luttes de pouvoirs s’entremêlent sur un fond de géopolitique un peu en retrait mais qui grandit au fil des pages.

Autre point fort (mais qui se révélera également un point faible à mes yeux) réside dans certains des personnages. Prenez Althéa, la Vivacia, Hiémain et surtout le capitaine Kennit (révélation pour moi de ce roman en terme de « héros/méchant ») et vous avez une brochette de personnages qui font là le jeu du roman et de son intrigue. On prend un plaisir démesuré à suivre leurs pérégrinations au fil des pages, à s’attendre à ce qu’il arrive monts et malheurs (détournement d’expression tadaaam) et on s’attache, du moins je me suis vraiment attaché à eux. Parce qu’ils ont ce qu’il faut pour faire un bon personnage, ils sont omniprésents tout en étant attachants mais aussi détestables, on se doute qu’ils sont les héros ou les méchants mais une part d’eux-mêmes reste sur la ligne médiane de cette opposition et bon sang que c’est bon ! A contrario, certains personnages – bien qu’ils occupent une place importante – ne m’ont fait aucun effet. Notamment Ronica Vestrit, Keffria Vestrit ainsi que Malta et Kyle Havre. Je ne sais pas si c’est voulu de les rendre inintéressant à ce point… Surtout Kyle Havre. C’est tout ce que je déteste, un personnage immédiatement catalogué et qui ne bouge pas d’une ligne bien que les circonstances pourraient l’amener à s’emmêler dans ces ressentiments. Mais non c’est niet et il reste encore et toujours ce personnage inintéressant. Je ne peux même pas dire détestable parce qu’on s’y attend tellement qu’on ne peut avoir le moindre ressenti face à lui.

Arrive ensuite le déroulement de l’intrigue. Et encore une fois, ça navigue entre le bon et le moyen/mauvais. C’est une intrigue plaisante où – comme dit plus haut – plusieurs soucis s’imbriquent entre eux au fil des pages. Et c’est là le paradoxe c’est que l’intrigue familiale et politique autour de la famille Vestrit est très très plaisante à suivre mais gâchée par la fadeur des 3/4 des personnages, notamment tout ce qui se déroule à Terrrilville… Heureusement que la quête d’Althéa et du capitaine Kennit redonne du baume au coeur et nous tient au haleine tout au long de ce pavé même si, franchement, on devine l’achèvement de l’une d’elle dès le milieu de l’intégrale et il n’y a pas besoin d’être un génie pour le comprendre. Cependant lorsque cela arrive, c’est réellement un passage marquant puisque plusieurs personnages clefs s’y confrontent. C’est d’ailleurs le point culminant de ce premier intégrale qui nous abandonne avec la sensation de nous poser encore plus de questions qu’en le lisant. Ce découpage est judicieux parce qu’il joue sur notre imaginaire à nous faire des suites de ce que l’on vient de découvrir…

Alors au final j’en ressors un peu déçu. La plume de Robin Hobb allie le très bon et le mauvais, tout en étant assez prévisible dans le déroulement de son intrigue. Si le découpage n’était pas fait en intégrale, je pense que je n’aurai pas accroché mais bien m’en a pris que d’acheter ce pavé puisque je me suis plongé non sans plaisir dans cet univers parfaitement décrit. Bien qu’avec une pointe de déception dans l’esprit, je vais continuer à lire cette série, ne serait-ce que pour découvrir ce qu’il arrive à ce personnage haut en couleur qu’est le capitaine Kennit qui est mon gros point fort, il y avait longtemps qu’un personnage ne m’avait pas autant plu !

Planètes de Makoto Yukimura : un chef d’oeuvre venu de l’espace !

planetes_integrale_integrale_couverture-510x709Quand j’ai vu ce gros pavé de près de 1000 pages trônant fièrement sur l’étagère des mangas de mon frère, je n’ai pu m’empêcher de céder à ma curiosité. Je ne connaissais pas ce manga, je n’en avais jamais entendu parlé et, de prime abord, il ne m’aurait pas intéressé en lisant le synopsis. Seulement voilà, l’image de la couverture m’a… scotché. Clairement. Voir ce personnage errant dans cette immensité, dans ce vide m’a accroché et m’a immédiatement attiré. Et que dire si ce n’est que j’ai bien fait de céder à la tentation.

Hachimaki est récupérateur de débris spatiaux sur le Toy Box. Pas tout à fait ce dont il avait rêvé, mais peu de gens peuvent se payer une navette sans effort. Dans l’immédiat, il n’a qu’une obsession : partir sur un des navires explorateurs de Jupiter. Mais l’espace n’est pas toujours le monde de rêve qu’on imagine vu de la Terre…

Cet intégrale du manga « Planètes » est un énorme pavé difficile à prendre en main. Pourtant c’est un objet qu’il faut absolument lire, regarder, admirer parce qu’il a toutes les qualités requises pour être un chef d’oeuvre de la littérature.

Premièrement nous trouvons une histoire réaliste bien que futuriste. A l’heure où la NASA parle d’effectuer de nouveaux des voyages sur la Lune voir sur Mars, le monde dans lequel évolue nos héros a déjà appréhendé la vie lunaire et l’exploration spatiale. Seulement, si cette exploration a pour but l’expansion de l’espèce humaine pour répondre à l’affaiblissement des ressources de la planète terre, Makoto Yukimura nous relance dans diverses interrogations actuelles et nous fait réfléchir à cette volonté d’aller toujours plus haut, toujours plus loin. En effet bien que ce soit une oeuvre de fiction, nos héros se retrouvent confronter à une multitude de problèmes écologiques comme l’épuisement de l’oxygène où encore l’impact de l’installation de l’homme sur de nouvelles planètes/étoiles. L’apparition d’un groupuscule terroriste un peu similaire à notre « GreenPeace » nous amène à réfléchir sur les conséquences de l’homme sur son environnement spatial à travers sa volonté expansionniste. De même, l’auteur a choisi d’aborder l’espace comme une ressource au même titre que l’eau, l’air, le pétrole et nous fait face à l’utilisation politique de cette immensité dans un contexte d’expansion et de contrôle. Quid du rôle des Etats sur une ressource qui semble illimitée mais qui s’épuisera inévitablement à cause de l’Homme ? Bref c’est tout un ensemble de questionnements et de problèmes liés à la cause humaine qui prennent place dans cet univers si crédible.

Secondement il s’agit d’un chef d’oeuvre parce qu’il remet en question la place de l’Homme. Que peut-on faire face au vide que représente l’Espace ? Doit-on l’appréhender et le coloniser au risque de le détruire petit à petit comme nous le faisons sur notre chère planète terre ? Que représente un seul être humain au milieu de tout ça ? Souvent, très souvent, je me suis retrouvé ébahi devant la sensation de vide qui me saisissait en admirant les planches du mangaka, voir Hachimaki errant seul dans les confins de l’espace. Outre une qualité narrative indéniable nous prenant de bout en bout, cet intégrale est un véritable régal pour l’oeil vu la qualité des dessins, si justes, si fins. A travers une planche, sans forcément rajouter une phrase, Makoto Yukimura réussit à nous faire passer un message. C’est puissant, c’est prenant. Qui sommes-nous pour vouloir à tout prix appréhender l’immensité spatiale ? Avons-nous le droit dans devenir les propriétaires, de le coloniser et d’y imposer notre touche au détriment de la beauté de ce vide ? En 1000 pages les protagonistes membres du récolteur de débris se posent ces questions continuellement et on se prend à réfléchir avec eux, à s’interroger sur le bienfait d’une telle conquête tellement on se retrouve à admirer le vide dessiné dans ce manga.

Et puis outre ces desseins écologiques et humanistes, Makoto Yukimara réussit à nous interroger sur le propre de l’Homme, sur sa place dans la société. Qu’est prêt à faire un homme pour faire face à son ambition ? Le personnage de Hachimaki est travaillé dans ce sens, lui qui veut conquérir l’Espace par tous les moyens possibles afin de laisser son nom dans l’Histoire ? Vaut-il la peine de se sentir seul pour toujours, de renier ses amis, sa famille pour atteindre un rêve qui semble inaccessible ? Parce que c’est ce qui se ressent à la lecture de ce chef d’oeuvre, c’est la peur de la solitude, la peur de l’échec mais aussi l’envie de vivre sa vie en fonction de ses propres rêves. Quelque part, c’est un peu le propre de chaque être humain qui se retrouve dans le destin de cet astronaute…

Vous l’aurez compris, « Planètes » est un chef d’oeuvre. Un chef d’oeuvre parce qu’il s’agit là d’une déclaration d’amour à l’Espace, d’une remise en question de l’Homme et de son impact sur son environnement. Peut-être que vous ne partagerez pas le point de vue de Makoto Yukimara sur la question de l’écologie et des actions néfastes de l’Homme mais tant pis, il n’y a pas que ça qui fait que ce manga est un chef d’oeuvre. Non, il y a la qualité des dessins parce qu’il arrive à nous faire ressentir tellement de choses avec de simples traits de crayons, mais aussi la qualité scénaristique et narrative. C’est un monde futuriste, lointain mais ô combien réel grâce à un vocabulaire pointu – mais très bien expliqué – et des personnages détaillés avec une histoire propre développé en tout point. Bref, n’hésitez pas à vous jeter dessus !

Un livre, une histoire : Harry Potter et l’Ordre du Phénix de J.K Rowling !

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Harry Potter. Que dire sur cette série ? Que dire sur cette saga si ce n’est qu’elle a fait ma jeunesse. Oui, j’ai grandi avec Harry Potter. Cette saga a été la première que j’ai suivi jusqu’au bout. Le début de mon amour pour la lecture en général (merci L’école des sorciers !), et de la fantasy plus précisément.

Et pour ce deuxième « numéro » de ma rubrique Un livre, une histoire… Quoi de mieux que d’aborder l’un des livres de cette série à savoir le tome 5 : Harry Potter et l’Ordre du Phénix d’autant plus que récemment nous avons eu la confirmation que la « suite » sortirait durant l’été… Ô joie !

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Pourquoi ce tome en particulier ? Pourquoi pas le sixième qui est mon préféré ? Pourquoi pas le troisième qui enclenche un peu tout dans l’histoire globale de Harry Potter à mon sens ? Parce que. Parce que c’est ce Harry Potter, c’est ce livre que j’ai payé pour la première fois avec mes propres sous. Encore mieux, c’est ce livre que j’ai réservé pour la première fois de toute mon existence. Il faut un début à tout et c’est cet « Ordre du Phénix » qui est à la genèse de mon amour pour la littérature.

Je me souviens très bien de ce 3 décembre 2003. Il faisait assez froid, du moins c’est ce que je ressentais du haut de mes dix ans et demi alors que je faisais la queue devant la librairie avec ma mère. Les sous en poche, mes propres sous et vous savez combien c’est difficile d’économiser autant alors qu’on a dix ans et demi, sans argent de poche. Il a fallu que je fasse des sacrifices pour obtenir la somme rondelette pour m’acheter ce bouquin et pourtant – dans la file d’attente – j’étais le plus heureux du monde parce que je savais ce que j’allais obtenir au bout de la ligne : mon ouvrage de Harry Potter. Celui que j’attendais depuis tellement longtemps !

Mon histoire d’amour avec Harry Potter avait commencé trois ans plus tôt, lorsque mon frère était entré en sixième et que sa professeure de français lui avait fait lire le premier tome du célèbre sorcier. Je lui avais lâchement piqué après qu’il eut terminé de l’étudier et je l’avais dévoré ! L’un de mes tout premiers livres, un souvenir exceptionnel, un monde magique qui – encore aujourd’hui – arpente les douces nuits de mon existence. Trois ans plus tard, les autres livres en ma possession suite à mes Noëls et anniversaires, les premiers films vus au cinéma et possédés en DvD ; parce que oui je suis un fou de Harry Potter… Et me voilà à attendre dans le froid de ce décembre pour obtenir mon précieux (faîtes comme-ci j’avais la voix de Gollum en écrivant cette phrase parce que c’est un peu la vérité !).

Je me rappelle parfaitement que je piétinais littéralement sur place, faisant preuve d’une telle impatience qui ne peut être décrite distinctement. Ce livre c’était mon propre cadeau de Noël à l’avance. C’était ma madeleine de Proust parce que je savais qu’une fois entre mes mains, j’allais le dévorer, le lire avec avidité pour me retrouver dans ce monde que j’enviais tellement, je voulais être un sorcier, je voulais aller à Poudlard, je voulais apprendre à métamorphoser des objets, à faire voler des coussins, à concocter des potions (oui oui, même ça, j’en avais envie !)… Poudlard, c’était le monde imaginaire de mon enfance.

Une fois le livre en main, mon petit portefeuille débarrassé des pièces, je n’avais qu’une envie : rentrer chez moi et entamer la lecture. Je m’en souviens parce qu’en cadeau de la réservation, la librairie avait offert une sorte de marque-page à l’effigie du livre qu’on pouvait déposer sur la poignée de porte. Sur ce marque-page il était écrit « Ne pas déranger, je suis avec Harry Potter ». Dix ans. Ce marque-page m’a suivi pendant dix ans, il a été scotché, re-scotché encore et encore pour tenir un peu plus entre les pages de mes livres… Aujourd’hui il n’est plus là. Il a fait son temps, il a accompagné des centaines et des centaines de mes nuits de lecture. Mais je m’en souviens comme si c’était hier.

Je le savais lors de l’achat mais j’ai dévoré ce livre, comme tous les Harry Potter du monde. Il a accompagné mes journées, mes soirées, certaines de mes nuits. J’ai ressenti toutes les émotions du monde devant les péripéties de mon héros préféré comme à chaque fois. C’était merveilleux, un pur régal. Depuis ce 3 décembre 2003, j’ai dû relire ce livre des dizaines et des dizaines de fois, il ne se passe pas une année sans que je me relance dans la lecture de toute la série parce que c’est vraiment un souvenir inoubliable.

Aujourd’hui ? Harry Potter est ancré en moi. Je relis régulièrement les livres, que ce soit en français ou en anglais, je revois certains films lorsque l’envie me prend (c’est à dire plusieurs fois par an) sans compter les diffusions à la télé, je suis l’actualité du monde autour de cet univers si particulier. Bref, Harry Potter c’est un peu une partie de moi-même. Chaque fois que je pense au futur, je me dis que mes enfants écouteront ma lecture de tous les livres alors qu’ils chercheront les bras de Morphée parce que Harry Potter c’est bien plus qu’une saga littéraire, c’est un accompagnement dans la jeunesse, un guide dans l’apprentissage de la vie. Un peu ce que cette série a été pour moi.

Le Phénix Vert de Thomas Burnett Swann, véritable coup de cœur !

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Il y a certains livres qui vous marquent, qui entrent en vous pour ne plus en sortir. Parfois c’est l’ensemble des oeuvres d’un auteur qui vous fait ressentir cela. Je crois sincèrement que c’est ce qui est en train de se passer pour moi avec Thomas Burnett Swann. Déjà, lors de ma découverte de cet écrivain par son roman « Plus grands sont les héros » – sublime réinterprétation mythologique du combat entre David et Goliath – j’avais été submergé par la beauté de l’écriture et de l’imaginaire de T.B. Swann. Mais là, ce « Phénix Vert »…

Pour Mellone la dryade, la vie s’annonçait paisible : son arbre, ses abeilles, un jour sans doute, un enfant après une nuit passée dans l’Arbre divin. Mais la Forêt bruit soudain d’une terrible nouvelle : Énée, le tueur de femmes, le parjure, le monstre assoiffé de sang, vient de débarquer sur les côtes. Comme toutes ses sœurs, Mellone a juré devant sa reine la perte de l’envahisseur, qui s’imagine investi par les dieux du devoir de créer une nouvelle Troie sur ce rivage et dont l’arrivée signifie leur perte. Pour les derniers êtres magiques de l’Âge d’or, va s’engager un combat qui va bouleverser les fondements mêmes de leur existence.

J’annonce tout de suite la couleur : avec cette nouvelle lecture de l’écrivain nord-américain, ce dernier entre directement dans mon TOP 5 de mes écrivains préférés. Je pense même qu’il bataille fermement pour entrer dans le TOP 3 voir la plus haute place tellement j’ai dévoré chacun des deux romans que j’ai pu lire de lui.

Thomas Burnett Swann c’est souvent une question de réinterprétation mythologique. Il en faut peu pour avoir une idée, lui c’est son truc. Prendre des personnages mythologiques et les replacer dans une histoire basée sur des éléments de « fantasy ». Dans ce cas-là il s’agit d’un héros de la guerre de Troie, Énée, qui se retrouve éloigné de sa terre natale au sein d’un milieu hostile puisque les habitantes de ces terres souhaitent voir sa mort. Un synopsis classique mais l’auteur va réussir à sublimer cette ébauche, à la transcender…

Parce que oui, l’histoire est simple. C’est une rencontre entre deux peuples que tout opposent, c’est un choc des civilisations et des cultures, c’est une méprise sur les intentions, la peur de l’inconnu. Pourtant la lecture y est délicieuse, les pages défilent à une vitesse folle. Pourquoi ? Parce que tout y est sublime. L’enchaînement des péripéties, les retournements de situation, tout s’accorde, s’assemble comme une symphonie berçant notre esprit. La description des ressentiments, des tensions, de l’amour, de la haine est si fluide, s’accompagnant à coup de métaphores plus belles les unes que les autres. On se prend à arpenter la douceur des chênes, à écouter le bourdonnement des abeilles, le tapage des sabots des faunes sur le sol… Une histoire d’amour qui prend place dans un monde où il n’est pas étrange de croiser des créatures fantastiques, où l’homme côtoie celles-ci et doit apprendre à vivre avec. C’est bien plus qu’un simple récit, c’est un ode à la nature, aux animaux, au « vivre-ensemble ». Une fois ce livre entamé, je n’avais aucune envie de le refermer, tout y est tellement beau. C’est une oeuvre antique, digne des grandes pièces tragiques du théâtre grec, que nous livre Thomas B. Swann.

Que dire de la plume de l’auteur ? C’est une écriture soignée, teintée de poésie et de mélodie, digne des plus belles envolées lyriques. Ce n’est pas en vers mais l’oeuvre de T.B Swann pourrait parfaitement s’inscrire dans celle du célèbre Homère parce que, oui, cette lecture m’a fait penser à l’Odyssée dans son style et sa façon de raconter tellement la plume est baignée de sensualité. Ce livre ne se lit pas, il se déguste, il coule dans notre esprit comme un filet de ce doux miel de notre enfance. Un pur régal, un pur délice. Tout y est poétique, magique…

Bref vous l’aurez compris, ce livre est un véritable coup de cœur. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas ressenti cela en lisant un livre. Thomas Burnett Swann est un auteur méconnu de la littérature de l’imaginaire alors que son oeuvre est l’une des plus poétiques que j’ai pu lire jusqu’alors. Cela confirme ma première impression de l’auteur et il ne m’en a pas fallu plus pour que j’achète les yeux fermés le reste de la bibliographie de l’écrivain. Comme à l’image de ce « Phénix Vert » je suis persuadé de me transporter dans un monde antique, mélodieux et poétique avec le reste des œuvres de Thomas Burnett Swann.

 

PS : Que dire de l’ajout de la novella « Ou est-il donc, l’oiseau de feu » qui nous permet de plonger un peu plus dans l’univers de l’auteur et dans l’histoire de Mellone qui se retrouve impliquée dans celle de la création de Rome. Toujours aussi poétique, toujours aussi tragique, c’est un régal supplémentaire pour notre appétit de lecteurs !

Poupée aux yeux morts, Roland C. Wagner : de la SF à connotation sociale !

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La sortie de ce roman dans la collection « Hélios Poche » par les Indés de l’Imaginaire a été l’occasion pour moi de me plonger un peu plus dans l’univers de Roland C. Wagner – auteur français disparu en 2012 et grand nom de la scène littéraire SF – que j’avais découvert préalablement avec « Aventuriers des étoiles ». Sa plume m’avait enjouée dans cette première découverte et je dois dire que ce second voyage dans son imaginaire ne m’a pas déçu du tout !

Le temps est censé passer moins vite à bord des nefs voyageant à une vitesse proche de celle de la lumière. Pourtant, Kerl n’est plus qu’un vieillard à son retour de la planète Dzêta Bootis, tandis que Sue, demeurée sur Terre, n’a pas pris une ride en cinquante ans.

Ce paradoxe n’est que le premier d’une longue série d’événements en contradiction avec la théorie de la Rationalité. Qui est le fouinain, cet oracle extraterrestre improbable que l’on dirait tout droit sorti d’un dessin animé ? Pourquoi l’austère Merteuil Filvini poursuit Kerl de son impitoyable vindicte ? Que sont devenus les Programmeurs sauvages qui écumaient les supérettes durant la cruelle Ère néopure ?

Commencer une oeuvre de Roland C. Wagner c’est s’embarquer pour un voyage en première classe vers la bizarrerie, l’étrangeté, la loufoquerie, un ensemble de pirouettes linguistiques désopilantes. Il faut s’y préparer parce que c’est assez déconcertant mais fortement plaisant une fois l’imaginaire de l’auteur imprégné dans notre esprit.

Sous une double trame d’une quête amoureuse et d’une enquête pour comprendre la mise à mal de la théorie de la rationalité – chère à notre héros dans ce roman – l’auteur nous entraîne dans un univers scientifique éloigné où différentes espèces se côtoient dans un monde futuriste. On prend plaisir à découvrir cette multitude de peuples allant des humains dont l’esprit a été modifié, à ceux qui ne peuvent normalement pas vieillir, aux automates servant uniquement de « raconteurs de blagues », aux néopuristes nous faisant penser à de réels fanatiques… Un mélange savoureux multipliant les façons de raconter le récit. Un récit tout autant appréciable où cette quête d’un amour impossible nous tient en haleine une bonne partie du bouquin ; on prend plaisir à suivre les cabrioles de Kerl afin de retrouver son amour de jeunesse, Sue,  alors qu’il a considérablement vieilli tandis qu’elle est restée aussi jeune qu’à son départ, à tenter de le faire ressusciter dans une société qui n’hésite pas à modifier la pensée de sa population pour mieux la contrôler et la manipuler… Chaque nouvelle péripétie se retrouve liée,  d’une manière ou d’une autre, à la trame principale, une explication nous reprenant dans le fil de l’histoire alors qu’on pensait se perdre dans un imbroglio indéfinissable.

Outre une histoire décousue et prenante, Roland C. Wagner a su peindre des personnages haut en couleur qui apportent une réelle profondeur au récit. Les découvrir, en apprendre plus sur leurs histoires, les voir évoluer dans cet univers n’est pas rébarbatif bien au contraire. Cela renforce la qualité du récit et de la cohésion de cet univers légèrement loufoque – caractéristique de la plume de l’écrivain. C’est une caractéristique que j’avais déjà remarqué dans « Aventuriers des étoiles » mais c’est un plaisir que de voir que la plume de l’auteur ne change pas d’un bouquin à un autre. Les personnages ne sont pas simplement là pour combler le récit, ils sont là pour le densifier, le façonner et c’est une envie qu’on ressent dans la lecture. Chaque apparition d’un personnage secondaire nous conduit un peu plus dans les méandres de l’intrigue pour notre plus grand plaisir.

S’il faut mettre en avant un point essentiel de Roland C. Wagner dans cet ouvrage, c’est l’évocation d’une multitude de thèmes contemporains. Bien que se logeant dans un monde SF où voyages intergalactiques, voyage dans le temps et autres mutations technologiques cohabitent avec brio, l’auteur n’en oublie pas moins d’évoquer plusieurs thèmes qui font écho à notre monde actuel. Ainsi vous vous confrontez à la dure question de l’émancipation d’un peuple différent de la normale, pour ensuite voir l’épineuse question de la religion face à vous puisque le « néopurisme » – idéologie dominante – fait débat au sein de la société qu’elle est censée régir. Enfin vous vous retrouverez dans une classification sociale qui n’est pas sans rappeler celle qui est souvent faite de nos jours ; une certaine idée de lutte des classes se dégage avec toutes les interrogations entourant ce problème… Bref, c’est une multitude de thème généraux et contemporains qui prend place dans cet univers galvanisé par la plume alléchante de Roland C. Wagner qui réussit ici un savant mélange entre univers futuriste et problème de société contemporain.

En conclusion c’est un excellent livre de SF. Laissez-vous prendre par l’imaginaire complexe de l’auteur et sa capacité à rendre le compliqué assez loufoque par diverses pirouettes scénaristiques. Vous n’en ressortirez pas déçus (ni indemnes !).

Lud-en-Brume de Hope Mirrlees, de la fantasy à mi-chemin entre le roman et le conte !

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Il faudra que je vous en parle un jour de ma façon de choisir mes livres. Pour celui-ci c’est la couverture qui m’a directement donné envie de le lire. Pour certains – selon les avis que j’ai pu lire avant de faire cet avis – la couverture choisit par les éditions Callidor est un repoussoir, pour moi c’est l’ouverture à un monde imaginaire, féérique, fantaisiste… Tout ce que j’aime ! En la voyant, je n’ai pu résister à l’envie de le lire et c’est finalement une lecture agréable qui m’a accompagné durant ces derniers jours…

Aux frontières de la Faërie, Lud-en-Brume est une cité prospère et paisible. Mais les secrets hérités du royaume voisin ne sauraient rester indéfiniment dans l’ombre. Les fruits féeriques, drogue nocive et bannie de la société luddite, circulent dans la région. Ranulph semble en être victime, et son père, le Maire Nathaniel Chantecler, qui faisait jusqu’à maintenant régner la Loi d’une poigne molle et tranquille, se doit bientôt de faire l’impensable pour sauver son fils et sa cité. Mais heureusement pour Lud-en-Brume, Nathaniel est doté d’un esprit des plus pragmatiques… et d’une tête dans la lune.

Plus de dix ans avant Le Hobbit de J.R.R. Tolkien, Hope Mirrlees allie un style riche à une plume ironique pour faire de son roman une œuvre étrange, un chef-d’œuvre inclassable de l’imaginaire.

Une oeuvre étrange, c’est le cas de le dire. Durant toute ma lecture je n’ai pas réussi à déterminer si cela appartenait au conte ou au roman, par conte je vois plutôt cela comme un peu le « Dévoreur » du très bon Stefan Platteau. A la fin, je n’ai pu me résigner à faire un choix : c’est un roman-conte, oui je sais c’est un peu facile ! Dans notre imaginaire à tous, le conte s’apparente à un genre plutôt court alors qu’ici l’ouvrage fait tout de même 350 pages mais la portée philosophique et les questionnements qu’amène la lecture (si si vous savez la petite morale à la fin !) laissent croire qu’il s’agit d’un conte.

 

En tout cas c’est de la très belle fantasy ! Inhabituelle puisqu’il ne faut pas s’attendre à un récit épique fait de batailles, de luttes mortelles pour le pouvoir ou pour sauver le monde comme le genre nous donne l’habitude… Non non. Ici c’est un récit assez simpliste où la haute société d’une cité imaginaire (Lud-en-Brume vous l’aurez compris) se retrouve à faire face à des événements inexpliqués dont l’origine proviendrait d’un peuple oublié de l’autre côté de la frontière… Et pourtant ce n’est pas gênant, bien au contraire !

Disons le clairement, l’action est très longue à mettre en place. L’auteure prend bien le temps de poser son imaginaire sur le papier, de nous expliquer les tenants et les aboutissants de cette société fantaisiste (que l’on peut rapprocher de certaines sociétés monarchiques dans sa composition sociale) et du peuple que l’on cherche à oublier mais qui imprègne le quotidien de nos habitants du Dorimare. Bref, pour entrer dans le vif du sujet, il vous faudra au moins cent pages. Malgré ce début tardif, c’est un plaisir que de lire la plume de Hope Mirrlees. Pourquoi ? Parce que tout en restant très simple, c’est la description d’un monde imaginaire très bien ficelé, de personnages haut-en-couleurs avec une pointe de poésie à chaque phrase qui fait que les mots défilent avec délice dans notre esprit. A la lecture, ça m’a rappelé un peu la puissance littéraire et poétique de Beowulf.

Quant aux péripéties en eux-mêmes, inutile de vous dire que ce n’est pas la force de ce roman-conte. On découvre très rapidement qui est véritablement à l’origine des malheurs de la haute-société de Lud-en-Brume, notamment de la famille Chanteclerc. Dès le début on s’en doute je dois même dire. Pour autant qu’importe, la façon dont le personnage de Nathaniel Chanteclerc va chercher à prouver cette culpabilité nous tient en haleine tout le long parce qu’en dépit de cette intrigue, c’est vraiment la plume de Hope Mirrlees qui est la plus intéressante.  On comprend mieux pourquoi les éditions Callidor ont choisi cet ouvrage pour ouvrir la section « Âge d’or » de la fantasy : c’est un roman précurseur en la matière. L’imaginaire de l’auteure est si riche, si développé et si prenant qu’il est normal d’être pris en référence par des auteurs actuels de la littérature de l’imaginaire. Le récit de base, déjà bien envoûtant, est agrémenté de plusieurs digressions qui rajoutent un effet de style nous entraînant encore plus dans cet imaginaire. Hope Mirrlees a tout fait pour que le lecteur s’imprègne de son univers, s’en délecte et le déguste sans faim.

Il faut dire qu’en plus du monde inventé, les personnages de Lud-en-Brume sont tous intéressants. Chacun dispose d’un « personnel » très soigné et distinct sans tomber dans la caricature. Une mention spéciale pour celui de Nathaniel Chanteclerc qui est – et c’est rare – le héros d’un livre de fantasy qui ne tombe pas dans une caricature du genre. Non, celui-ci semble craintif, peureux, peu à-même de ramener la paix dans sa région. Mais qu’importe, son évolution au fil des pages est intéressante, sa psychologie évolue au fil des péripéties sans pour autant abandonner les défauts qui constituent sa personne. On se prend même à s’attacher à lui alors qu’il en devenait un peu gavant à la base. Même le « méchant » de l’histoire nous reste sympathique parce que ce n’est pas de la fantasy habituelle : ici la distinction entre le bien et le mal est très succincte. Tout n’est qu’une question de point de vue et de philosophie…

Bref vous l’aurez compris, j’ai adoré cette lecture ! L’imaginaire de Hope Mirrlees est l’un des plus abondants que j’ai pu découvrir en fantasy alors qu’il ne se retrouve que dans ce seul roman. Alors que ce même récit, par d’autres auteurs, aurait été long et ennuyeux, la plume de l’auteure nous fait tenir tout le long par sa poésie et ses effets de style. C’est une écriture à lire, à apprécier et à découvrir et vous ne le regretterez pas !

La petite citation extraite de ce magnifique ouvrage :

Il n’existe pas de monstre, même au-delà des montagnes, plus effrayant que le Temps – page 153.

Inner City de Jean-Marc Ligny, un futur pas si éloigné que ça…

actusf inner city lignyJe ne suis clairement pas un grand fan de littérature S-F, loin de là. En dehors  de quelques ouvrages (comme lecycle Fondation d’Isaac Asimov que j’ai commencé et plutôt apprécié, du sensationnel « Eternity Incorporated » de Raphaël Granier de Cassagnac et des livres troublants de Dominique Douay pour ne citer qu’eux)j e ne m’aventure pas tellement dans ce genre. Pourtant, pourtant on peut tomber sur quelques livres qui ont le mérite de donner envie de se plonger dans ce genre littéraire et c’est le cas d’Inner City de Jean-Marc Ligny publié dans la collection Hélios poche par les Indés de l’Imaginaire et sur choix de l’éditeur ActuSF – pour ma version.

En quelques années, Paris est devenue une ville fantôme. Ses derniers habitants sont plongés en permanence dans les réalités virtuelles, bien protégés par une enceinte qui garde à l’extérieur, en banlieue, les pauvres et les miséreux. Mais leur vie dorée est menacée par un tueur agissant dans la Haute Réalité tandis que de l’autre côté du périf, la révolte gronde.
Dans ce climat explosif, Hang traque les scoops les plus sanglants pour mieux les injecter (et les vendre) dans ces mondes virtuels pendant que Kriss enquête pour neutraliser ce serial killer…
Roman cyberpunk clef dans la science fiction française et dans la bibliographie de Jean-Marc Ligny (AquaTM, La Saga d’Oap Täo…), Inner City est une nouvelle preuve de l’engagement de son auteur. Il a été couronné à sa sortie par le Grand Prix de l’Imaginaire.
Jean-Marc Ligny nous offre une oeuvre romanesque d’une crédibilité sans faille. Une fois les termes techniques associés au genre qu’est la Science-Fiction, avec ceux propres au monde imaginé par l’auteur et c’est un véritable régal qui s’offre pour le lecteur.
Il arrive à mélanger pas mal de genre dans un seul et même roman. Si la S-F a une part déterminante dans son oeuvre, c’est également une course-poursuite folle avec plusieurs retournements de situation qui nous conduit à un roman policier. La traque de l’assassin dans la réalité virtuelle est palpitante, sans cesse renouveler sans nous perdre. Jean-Marc Ligny réussit a nous embourber dans diverses situations, nous faisant cogiter sur la personne se cachant derrière les meurtres tel un grand auteur de policier.
L’éditeur parle d’un roman cyberpunk, il est vrai que l’atmosphère dépeint dans ce livre est en total raccord avec cette description mais je pense qu’il est plus qu’un simple roman cyberpunk : c’est un pur roman d’anticipation. Peut-être pas aussi poignant qu’un 1984 de George Orwell mais dans la même lignée. Il suffit de voir les avancées technologiques – notamment concernant les casques de réalité virtuelle – et la société évoluant de manière fulgurante en terme de surveillance pour se dire que ce roman S-F pourra être ressorti dans quelques dizaines d’années comme un roman critiquant l’actualité.  C’est l’une des grandes forces de ce roman que de nous transporter dans un univers de science-fiction faisant directement écho à notre réalité actuelle.
L’intrigue est prenante, non poussive. Les pages défilent à vitesse grand V tout en nous tenant en haleine continuellement. Si j’ai un regret c’est sur l’évolution de la relation Kris-Hang que je trouve peut-être trop succinte, trop hâtive. Si vous vous laissez tenter, vous comprendrez aisément pourquoi.
Autrement, il n’y a rien à redire. Tout est ficelé comme il faut, les personnages se tiennent, l’univers est crédible et l’ensemble dispose d’une symbiose parfaite.
A la fin de ce roman, on pense en être venu à bout, avoir démêlé le vrai du faux mais la fin m’a laissé pantois. Surprenante et qui mérite une suite tellement les imbrications des dernières pages nous laissent un goût d’inachevé et d’envie d’en apprendre plus sur ce monde ô combien prenant !
Quant à la plume de Jean-Parc Ligny, c’est quelque chose qui mérite d’être découverte. Une multitude de thèmes se bouscule dans ce simple roman : la perception de la réalité avec le virtuel, l’idéalisation de nos sentiments par le biais des technologies, la lutte des classes, le choc de deux « civilisations » dans un même pays avec les chapitres sur la Bretagne peu imprégné par la technologie en contraste avec ce Paris imaginé ultra-connecté et surveillé. Et, j’ai l’impression de me répéter, cet ensemble fait un drôle d’écho avec l’évolution de notre société actuel qui veut toujours plus de technologies mais aussi toujours plus de surveillances vis-à-vis de ces dernières. Et dire que ce roman est paru initialement en 1996… Grandiose !
Inner City est un roman à lire et à découvrir, surtout si vous aimez le genre S-F. Si ce n’est pas le cas mais que 1984 de George Orwell vous a intéressé, il en sera de même pour cet ouvrage de Jean-Marc Ligny. C’est un ouvrage maîtrisé de bout en bout !
Et voici la petite citation du livre qui m’a plu :
« L’essentiel est invisible pour les yeux » – page 316.
Alexandre.

La République des Enragés de Xavier Bruce, une uchronie dans les travers de Mai 68

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Depuis la sortie de ce roman, son synopsis me donnait fortement envie. Des enfants cobayes du gouvernement qui se retrouvent plongés lors des manifestations de Mai 68 et décident, à leurs tours, de dévier l’autorité gouvernementale qui les a façonnés… Prometteur, fortement prometteur !

« Mai 68, un pavé lancé sur un CRS. La colère étudiante embrase Paris. Seize ans plus tôt, neuf enfants, cobayes pour un programme ultra-secret, s’échappaient de l’Institut Heintelle. Ils ont grandi, développé leurs talents extraordinaires et vont tenter, dans le chaos qu’est devenue la capitale, de mener à bien leur propre révolution. Dans ce nouveau monde où il est interdit d’interdire, est-il permis de tuer ? Deuxième roman de Xavier Bruce, après Incarnations, La République des Enragés est une ode féroce et séduisante à la liberté, une uchronie politique et révoltée. Jouant avec les événements de Mai 68 qui ont façonné notre société, l’auteur donne à lire sa version du mythe où l’artiste apparaît comme unique salut et les arts comme de puissantes armes.« 

Dès le début, on entre dans l’ambiance du roman – une fois que le « prologue » est passé. On se croit véritablement dans les rues de Paris, serrant les coudes avec les étudiants massés sur les pavés pour faire face aux CRS. On a envie de lutter, de crier notre envie de liberté.

Et puis les pages s’enchaînent. La lutte contre le pouvoir étatique gaulliste continue mais sans vraiment voir où veut en venir l’auteur. Chaque cobaye se découvre peu à peu, chaque personnage secondaire également mais sans vraiment nous en dire plus sur la véritable trame de ce roman. On sent qu’il y a l’idée d’une lutte contre le pouvoir mais son expression est légère – par exemple l’idée d’enlever un député est une bonne chose pour la « révolution » mais son réel aboutissement n’est pas exprimé, ni expliqué. Sur ce passage je me disais « Oui c’est bien tout ça mais ça mène à quoi ? ». Et c’est durant tout le livre que j’ai eu cette étrange impression.

Pourtant le roman est loin d’être inintéressant, on s’y plonge aisément, on dévore les mots de Xavier Bruce mais… On reste sur notre faim. Il y a comme un goût d’inachevé sur un peu tout.

Tout d’abord sur les personnages principaux à savoir les enfants de l’institut Heintelle. J’ai eu un énorme coup de cœur pour le personnage d’Arthur Slonge. C’est clairement le plus abouti de l’ensemble avec une personnalité forte et un duo irrésistible avec la belle Anna. Loin de l’idée d’une révolution sanglante comme les autres, son idée est de changer les mœurs par l’art. A la recherche de sa propre identité, on suit son parcours dans le roman avec un certain plaisir. Ce qui n’est pas le cas des autres, trop lisse ou alors trop caricatural – notamment le personnage d’Adèle qui m’a exaspéré plus que tout autre chose.

Ensuite le côté uchronie du roman. Prendre place en Mai 68 et expliquer certains événements par l’action des anciens cobayes de l’Institut ou de ce qui en découle était une idée fabuleuse – notamment l’explication du départ de De Gaulle à Baden Baden ou encore le point de départ des violences lors des manifestations. Seulement, une fois encore il y a un goût d’inachevé. J’aurai tellement aimé que Xavier Bruce aille plus loin dans l’uchronie. L’uchronie n’est qu’un prétexte pour parler des enfants de l’Institut, il y avait pourtant tellement à faire avec ce genre de littérature de l’imaginaire…

La Révolution contre la société par les accès de violence émis dans le livre est, je trouve, trop omniprésente alors que la quatrième de couverture nous parlait d’une révolution par le biais des arts et de l’artiste. Or, en dehors du personnage d’Arthur Slonge, je ne vois pas très bien ce point de vue tant attendu. C’est un parti pris de l’auteur, sûrement mais j’en ressors un peu déçu. Il faut dire que cela reflète bien la situation de l’époque. Je me répète mais, malgré toutes ses déceptions, l’ambiance « soixante-huitard » imprègne le lecteur et le plonge dans cette atmosphère tendue criant un appel à la liberté et à la libéralisation des mœurs. De plus il faut avouer que la plume de l’auteur n’est clairement pas déplaisante, tout se suit, les mots défilent, ça se lit très vite dans un style mélangeant la délicatesse et la rudesse selon les personnages.

 

Au final si vous voulez une plongée dans un univers révolutionnaire très peu évoqué dans la littérature – et que la littérature de l’imaginaire ne vous gêne pas – n’hésitez pas à le lire. Cependant attendez-vous à une juxtaposition de faits violents gratuite et d’une histoire ne s’emballant que dans les cinquante dernières pages au détriment d’une ambiance et d’une idée de base qui semblaient fabuleuses. Après tout, si j’ai bien compris, il s’agit de son premier roman. Alors j’attends de voir si l’essai est confirmé sur les points positifs et corrigé sur le reste parce que Xavier Bruce reste une plume de l’imaginaire prometteuse !

Voici deux citations extraites de « La République des Enragés » qui m’ont interpellé :

« Il ne suffit pas d’aider quelqu’un pour le connaître ».

« Tu peux tout oser, toute te permettre si tu n’as pas peur des conséquences de tes actes ».

 

Alexandre.

 

 

DÉVOREUR, UN CONTE À DÉVORER PAR STEFAN PLATTEAU !

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En voilà un bel écrin pour le livre-conte du « nouvel espoir » de la littérature de l’imaginaire découvert il y a deux ans bientôt avec son imposant Manesh.

Une nouvelle fois Les Moutons Électriques nous offre un ouvrage de qualité, à mi-chemin entre le livre de poche et le livre grand format dont les mots de Stefan Platteau cohabitent brillamment avec les illustrations de Melchior Ascaride et ces décorations intérieures. Voilà ce que j’aime chez cet éditeur, des livres abordables (19€ pour celui-ci, à partir de 20 jusqu’à 25€ pour les plus – je pense à Manesh), oui je dis bien abordable vu la qualité de l’ouvrage : une couverture épaisse cartonné qui durera avec le temps et des pages dans un papier plus rigide qu’à l’accoutumé ! Bref, ça peut sembler cher mais ça vaut le coût selon moi !

Revenons à ce conte, oui Conte parce que c’en est un. Vu la rapidité de l’histoire et sa taille, on ne peut pas prendre cela comme un roman.

Sommes-nous les jouets des astres ? Qu’est-ce que ces choses lointaines éveillent en nous, qui nous anime et nous pousse à agir d’une façon qui nous étonne nous-mêmes ?

Au-dessus de la demeure de Vidal, l’éleveur d’ânes, une planète brille trop fort ; le comportement de cet homme paisible s’en ressent. Son amie Aube assiste, impuissante, à sa transformation. Parviendra-t-elle à l’arracher à cette influence néfaste, ou faudra-t-il attendre l’aide de Peyr Romo, le magicien des Monts de Soufre ?

Dans la vallée de Pélagis, de vieux instincts s’éveillent, prêts à dévorer toute humanité dans le cœur des êtres…

Une plongée dans l’âme d’un monstre, dans l’univers des Sentiers des Astres.

Décevant ? Du tout ! Tout s’enchaîne rapidement sans pour autant laisser le lecteur perdu dans une mélopée de périphéries sans explications ni compréhension de leurs déroulements. L’évolution du monstre, de sa transformation à son aigreur est parfaitement décrite dans une atmosphère qui me rappelle le lieu où se déroule Manesh : un huit-clos entre plusieurs personnages.

Je dois dire que la première partie, celle sur Aube, m’a peu intéressée. J’ai eu énormément de mal à rentrer dans ce bouquin. L’action était lente bien que nécessaire et ce personnage est, selon moi, celui avec lequel on s’attache le moins. Sa personnalité reste lisse par rapport à celles de Peyr et de Vidal qui démontrent toutes les qualités de Monsieur Platteau à créer des personnages épiques et tortueux dans les méandres de l’âme humaine.

Cependant c’est peut-être une erreur de ma part qui a fait que je n’ai pas apprécier, à sa juste valeur en y repensant, cette partie. En prenant ce livre, je croyais vraiment me replonger dans l’histoire de Manesh, retrouver peut-être certains personnages, certaines explications… A la lecture de cette première partie, j’étais dans l’expectation de ces attentes à mon grand malheur. De facto, je n’ai pas pu apprécier la mise en place du déroulement de ce conte, la description de la lente transformation d’un homme tout à fait normal en monstre, les interrogations de son amie et son envie de l’aider en contraste avec la crainte que celui-ci exerce dorénavant sur elle.

Le reste de ce conte est merveilleusement bien « conté » ! La partie sur Peyr puis le mélange entre Peyr et Vidal est un régal. Ce huit-clos décrit par l’auteur est glaçant, terrorisant mais on s’y plait. Tout ce qui nous paraissait surfait dans la première partie trouve une réponse ici : pourquoi cette transformation, pourquoi s’en prendre à des enfants, le rôle de cette étoile dans le ciel. On se prend à s’attacher à certains personnages, on se prend à en détester d’autres mais aussi à les comprendre. Cet imbroglio de sentiments révèle toute la qualité de Stefan Platteau qui est de façonner ces personnalités-là dans un décor dont mon imagination me permet d’en apprécier la splendeur macabre ! D’autant plus que l’auteur s’attaque à des thèmes plus larges : l’enfance, les ressentiments de l’enfance sur les actes de ses parents, la perception d’un homme face au pouvoir. En 134 pages, c’est un ensemble d’interrogations qui est posé au travers d’une histoire simple mais terriblement efficace.

Je disais m’attendre à ce que cela soit une sorte de pré quel ou quelque chose comme ça de Manesh. Je me suis trompé mais on trouve quand même certains thèmes concordant aux deux œuvres et des explications de Dévoreur font échos à des petites interrogations de l’autre livre. Les deux se lisent indépendamment mais il serait bête

Car oui, en se lançant dans Dévoreur – mais aussi en commençant son premier roman – attendez vous à lire un petit magicien des mots ! Stefan Platteau aime jouer avec, aime nous faire partager ses petites cabrioles stylistiques. Après avoir lu deux-trois romans au style très appréciable mais bien plus directs et « fluides », le début de Dévoreur était déroutant. Le style de l’auteur belge est très riche, très « stylisé » dans le sens où son vocabulaire et sa manie de faire des résonances entre certaines syllabes gorgent son récit d’une poésie rythmique. Voici d’ailleurs l’une de ces cabrioles que j’ai fortement apprécié :

Peut-être que cette fois, c'est à mon tour de t'enseigner. A moins que je ne t'ensaigne, si tu as le malheur de m'offenser à nouveau...

Dévoreur est rythmé, poétique, macabre mais bon sang quel plaisir ! Une soirée pour lire ce conte. Une soirée pour apprécier la qualité de la plume de Stefan Platteau mais maintenant ? J’en redemande !

Un grand merci à cet auteur et aux Montons Electriques pour nous faire découvrir ce talent et ses histoires captivantes.

Si vous appréciez la bonne littérature de l’imaginaire, si vous aimez les beaux ouvrages, il n’y a pas à hésiter. Le style pourra vous paraître un peu compliqué mais on s’y habitue très vite et tout finit par s’engouffrer dans notre esprit, les mots défilent à une vitesse folle et on finit par apprécier ce met délicat qu’est la plume de Stefan Platteau. Il a voulu nous conter l’histoire d’un Dévoreur, mais en prenant ce conte, c’est à notre tour de le dévorer !

Et la petite citation du livre – une de plus après cette démonstration stylistique de l’auteur – qui nous ouvre sur une interrogation sur notre « nous » de tous les jours :

Il suffit qu'un seul ogre s'en vienne, pour que tous les pères cessent aussitôt d'être des valeurs sûres.

A bientôt Stefan pour la suite de tes Sentiers des Astres !

L’ORIGINE DES VICTOIRES, D’UGO BELLAGAMBA

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Comment choisir un livre ? Pour ma part, je fais souvent confiance à mon instinct, à mon « premier » regard sur l’ouvrage. Ici il a suffit d’un regard sur la couverture, d’un regard sur le titre pour me laisser convaincre.

S’il y a bien une chose que je peux affirmer c’est que la couverture envoie du pâté et qu’elle donne bien envie ! Chose faite après un passage éclair à l’inauguration de la nouvelle « librarie » de ma ville – Les Furets du Nord pour ne pas faire de pub – et me voilà en sa possession.

L’origine des Victoires d’Ugo Bellagamba. Je ne connais pas cet auteur mais je connais l’éditeur. ActuSF publie donc ce livre sous un format poche au sein d’une collection nommée « Hélios » (collection regroupant divers ouvrages de l’imaginaire sous l’égide du collectif des Indés de l’Imaginaire associant les maisons d’édition Mnémos, Les Moutons Electriques et ActuSF donc mais nous en reparlerons dans un autre article).

« Je suis une Victoire, ma chérie… Si tu préfères, un soldat, engagé dans une lutte dont l’origine se perd dans la nuit des temps. »
L’Orvet a fait de l’humanité son terrain de chasse, causant famines, guerres et destructions. De la Rome antique jusqu’aux étoiles les plus lointaines, ce roman retrace le combat et les sacrifices des Victoires, ces femmes qui luttent dans l’ombre pour nous protéger.

Lettrées, guerrières ou amantes, voici huit portraits de ces vigies qui jalonnent l’histoire et redessinent en creux notre futur.
Pour commencer, les deux premières nouvelles m’ont laissé très sceptique puisque je ne voyais pas où l’auteur voulait en venir. On comprend vaguement que ce monde imaginé est découpé entre le bien avec les Victoires et le mal avec l’Orvet mais l’ensemble paraissait plat et sans vraiment de saveurs. Le tout semblait terne avec cette vision très archaïque du bien et du mal. Il faut dire que les histoires de Natasha et Euphoria étaient plates et n’apportaient pas grand-chose pour nous permettre de plonger réellement dans le livre et la volonté décrite par l’éditeur de nous conter « le combat et les sacrifices des Victoires ».

Mais il faut aller plus loin et continuer cette lecture pour comprendre réellement la volonté d’Ugo Bellagamba où du moins de s’en faire une idée : derrière chaque vie humaine, il y a une femme qui est là, dans l’ombre, pour nous faire avancer, pour nous éviter au maximum de chuter et de faire en sorte que la vie semble plus douce. C’est mon interprétation puisque, bien souvent, j’ai cru voir le rôle qu’occupe ma mère dans ma propre vie, ou bien ma chérie même. Des femmes qui m’entourent et qui sont toujours présentes pour m’aider à avancer.

Après les deux premières nouvelles, j’ai été agréablement surprise par les trois suivantes :

Patrizia qui prend place à Nice en 1881 auprès d’un illustre batisseur des temps modernes, Gustave Eiffel.
Gloria, en 1270 au sein de l’Abbaye du Thoronet au côté de frère Thomas di Roccasecca avant qu’il ne devienne Saint Thomas d’Aquin
Egeria lors de l’époque romaine en 31 av J.C nous expliquant le choix en Marc-Antoine et Octavien.
Ces trois nouvelles dressent le portrait d’une femme différente, à des époques différentes, jouant un rôle primordial pour l’Histoire. Une réinvention complète de l’avancée historique de notre Monde mais qui coule tout de même de sens sous la plume de l’auteur. C’est plaisant de faire les découvertes, d’apprendre pourquoi Gustave Eiffel a eu l’idée de construire sa Tour la plus célèbre par exemple. Autant d’interprétations historiques qui mettent en avant le rôle primordial de la femme là où la réalité fait souvent place aux Grands Hommes.

Je disais plus haut que le manque de clairvoyance entre le bien et le mal m’avait posé un problème. C’était une erreur de ma part puisqu’au fil des nouvelles, cet écart – si net au début – se réduit et laisse parfois penser qu’une Victoire peut parfaitement se transformer en Orvet, autrement dit que le bien peut se transformer en mal. Ou encore que la frontière entre le bien et le mal est tellement légère selon la perception que chacun en dispose qu’il est difficile d’établir vraiment une classification d’un tel état. La nouvelle concernant la Victoire Nadia reste la plus limpide pour exprimer ce contraste saisissant.

La force de ce livre c’est d’être une déclaration d’Amour aux Femmes au travers de cette lutte entre le bien et le mal. Si vous cherchez un livre quelque peu féministe, n’achetez pas des ouvrages de « féministes autoproclamées » mais foncez sur L’Origine des Victoires. Ugo Bellagamba a la force de faire passer un message universel par le biais d’un récit imaginaire qui vous emporte et vous donne envie d’aimer les Femmes pour ce qu’elles sont : des femmes préférant agir dans l’ombre et le silence pour apporter le bien autour d’elles, acceptant le sacrifice pour servir la bonne cause sans pour autant se laisser emporter par la domination masculine.

A qui s’adresse ce livre ? Je crois qu’il s’adresse pour chaque lecteur appréciant les récits de l’Imaginaire. Bien que le début semble poussif, l’univers façonné par l’auteur dans lequel la femme joue un rôle si important reste un plaisir à découvrir. Chaque nouvelle a un sens pour le fil que cherche à tisser Ugo Bellagamba. Le plus étant cet amour déclaré à la Femme dans la vie de tout être humain : elles nous sont essentielles, elles sont nos protectrices, nos enseignantes, nos muses et j’ai vraiment eu la sensation que ce livre – très intime au final – a cherché à les remercier.

La citation de L’Origine des Victoires : Une citation qui résume parfaitement ce que l’auteur a voulu transmettre et ce que j’ai ressenti en lisant ce livre,

« Je dois l’admettre, quelle surprise !
J’ai dévoré des communautés composées d’êtres massifs et aveugles, qui écumaient le fond d’océans circumplanétaires, j’ai eu raison de sociétés de papillons aux ailes iridescentes planant dans les couches supérieures de l’atmosphère d’une planète gazeuse. J’ai digéré des matriarcats, des patriarcats, des oligarchies de télépathes, des guildes capitalistes maîtrisant le voyage spatial, des empires de milliers de mondes, des sociétés théocratiques dominées par une foi vibrante, ou à l’inverse, des démocraties guidées par un rationalisme glacé, qui m’ont assimilé, tantôt à un Dieu Créateur, tantôt à une intelligence artificielle, qui m’ont traqué, ou adulé, parfois les deux simultanément.
Et pourtant…
La colère passée, quelle exaltation monte en moi ! Quel exhausteur de goût est le risque. Quel divertissement raffiné les femelles de cette espèce me proposent ! »